Depuis 2011, le concours Carré des Jardiniers met à l’honneur des jardins d’exception d’entrepreneurs et concepteurs français du paysage.
Tous les deux ans, cette compétition invite les professionnels de la filière à composer une équipe mêlant profils expérimentés et jeunes talents afin de réfléchir collectivement à une thématique donnée afin de créer un jardin éphémère de 200m2 à l’occasion du salon Paysalia.
Ce salon professionnel est conjointement organisé avec le salon Rocalia ce qui permet aux participants du concours de gagner en visibilité auprès des acteurs des filières pierre naturelle, paysage, jardin & sport en France. En 2021, l’événement a accueilli 1 481 fournisseurs et marques, et près de 29 000 visiteurs.
En 2023, les candidats au titre de Maître Jardinier ont été invités à travailler sur la thématique de la ville verte et responsable de demain : la Biodiver’Cité.
Présidé par le renommé jardinier paysagiste Jean Mus, un jury composé de 7 professionnels du secteur du paysage, 3 journalistes spécialisés et 3 artistes a sélectionné 4 projets pour concourir à la finale en décembre prochain à Lyon Eurexpo
Cette année, la jeune génération sera une nouvelle fois à l’honneur avec un prix « coup de cœur » décerné par des étudiants en métiers et formations du paysage.
Révélés le 20 juin dernier, les 4 finalistes devront installer et monter, du 1er au 4 décembre 2023, leurs projets de jardin éphémère 200 m2 au cœur du salon Paysalia, en 96h chrono. Ils le présenteront au jury d’experts et aux visiteurs du salon.
Présentation des 4 finalistes
Vincent Grunewald (71), Cheval Paysage (26)
Après un BTS aménagements paysagers et une année de césure consacrée au voyage, Vincent Grunewald a terminé ses études à l’école d’ingénieur ITIAPE. En 2017, un an après l’obtention de son diplôme, il créé son entreprise à Cavaillon. Sensibilisé depuis toujours à la protection de l’environnement, c’est naturellement que Vincent a orienté son activité d’architecture des jardins vers la transition écologique des espaces extérieurs.
Aujourd’hui installé à Mâcon, il conseille et accompagne avec soin ses clients à faire des choix responsables et d’avenir. Il propose une méthodologie de travail basé sur la coopération avec les clients et les artisans.
Amoureux des plantes, il apporte un soin particulier au végétal déjà en place et efface les limites entre le jardin à aménager et le paysage environnant. Son petit plus ? Vincent porte une attention particulière au réemploi des matériaux et prouve qu’avec de la créativité, tout peut être remis au goût du jour.
Son projet : L’entre deux bruits
« Il n’existe pas un modèle de ville unique.
Cependant, elles ont souvent en commun une intensité des flux et des activités nécessaires pour permettre à ses habitants de se déplacer, de se restaurer, de s’y loger, de s’y divertir… Cette intensité est génératrice de bruits pouvant être perçus comme des nuisances.
Les parcs et jardins sont alors de véritables cocons pour s’exclure temporairement du rythme lancinant de la ville. C’est le point de départ de ma réflexion : Comment permettre à des habitants de se ressourcer à l’abri des bruits de la ville ? La ville n’est plus extensible de manière soutenable.
Elle doit maintenant se reconstruire sur elle-même, dénicher les espaces abandonnés, sous-fréquentés, optimiser les mètres carrés, réemployer la matière in situ, protéger la végétation existante. Notre proposition cherche donc à s’immiscer dans de petits espaces pour offrir localement une offre de verdure et de repos aux citadins. « L’entre deux bruits » est un jardin composé de deux éléments majeurs : un mur antibruit et une grande structure centrale en bois. »
Antoine De Lavalette, Nature & Creation (31)
Bercé entre la France et la Thaïlande durant son enfance, Antoine de Lavalette a grandi entre deux visions différentes de la nature. S’il s’est dans un premier temps orienté vers des études de droit et de langues, son besoin de liberté et son amour pour la terre l’ont finalement redirigé vers les jardins. Après avoir obtenu son diplôme de l’École nationale supérieure de paysage, Antoine De Lavalette a fait ses premiers pas aux côtés du paysagiste Camille Muller avant de poursuivre son apprentissage avec son père et son oncle, dans l’entreprise familiale à proximité de Toulouse. Aujourd’hui, il s’est fait sa place parmi les équipes de jardiniers, a repris les rênes de l’entreprise Nature & Création en compagnie de sa cousine et emploie 13 personnes. Antoine réalise désormais des jardins qui laissent la nature s’exprimer, qui lui ressemblent et sont fortement imprégnés de ses souvenirs qui le font encore rêver.
Son projet : L’im.pas.si.sage
« En pénétrant dans cette ruelle, le désordre nous accueille : l’endroit semble abandonné, le sol est fissuré, les trottoirs défoncés. Une ruelle en chantier, un peu oubliée, à l’entrée de laquelle ni le bâti ni la nature ne semblent s’être entendus. Un lieu bien triste qui mérite que la vie s’installe…
Et si nous laissions la Nature y poser ses bagages ?
Et si nous acceptions de la regarder autrement ?
Et si nous choisissions de la guider et non plus de la contraindre ?
Pas à pas, le visiteur progresse dans la ruelle : le décor change et la nature commence à s’installer. Toute seule, la nature avance et évolue. Toute seule, elle va combler les vides et s’immisce dans chaque recoin. Les failles, les fissures et autres signes de faiblesse du béton font place à la végétation. Ainsi, la rue devient jardin comme si l’homme avait fait le choix de cohabiter avec.
Et l’impasse devient vivante !
Les plantes colonisent la ville et notre ruelle devient bientôt un espace dans lequel on éveille sa curiosité et on s’aventure. De présente, la nature devient vivante, plus libre, plus sauvage. Une impasse oubliée que nous redécouvrons, devenue désormais un passage plus si sage.
L’espace public appartient maintenant à tous !
Les plantes ont pris leur place et c’est au tour du citoyen de devenir un acteur libre d’apporter sa contribution et de s’approprier cet environnement urbain pour qu’il s’y sente un peu chez lui.
L’espace collectif devient ludique et créatif. L’homme et la nature se mêlent dans une ville qui semble faite pour qu’ils cohabitent, une biodiver’cité tant attendue.
Et si les plantes devenaient une évidence ?
Si la ville de demain était pensée pour elles ? »
Simon Freitag, La couleur des jardins (57)
Dès son entrée en Bac pro aménagements paysagers, Simon Freitag s’est pris de passion pour le métier. Après un BTS et une licence professionnelle, il s’est associé avec un ami rencontré pendant ses études et, ensemble, ils ont créé « La Couleur des Jardins » en Moselle. Huit ans après, l’entreprise emploie une trentaine de personnes réparties sur deux agences : une première à Forbach et une seconde à Lutz, près de Thionville.
Résolument ancrées sur le territoire lorrain, les équipes de la Couleur des Jardins travaillent principalement pour des clients particuliers, pour qui elles conçoivent des jardins de A à Z. Pour Simon, qui soigne la relation avec ses clients en leur présentant des projets dessinés à la main et en les accompagnant dans la durée, l’art du jardin se cultive en prenant le temps et en s’ouvrant sur les disciplines complémentaires : maraichage, décoration…
Son projet : La vi’ll’e de demain
« L’urbanisation a des limites, la nature a des droits, l’Homme a des devoirs.
Notre jardin a pour vocation d’apaiser le rythme effréné de nos vies en remettant la nature au centre de nos préoccupations, afin de profiter de ses bienfaits. Repoussons le tumulte de la Ville dès l’entrée du jardin au travers d’une allée qui rappelle le clavier d’un piano. A chacun de trouver son rythme de visite.
Eradiquons les odeurs de la Ville grâce aux plantes odorantes placées sous les grilles qui rappellent une bouche de métro. Donnons du sens à nos créations.
Apprenons du passé pour mieux construire l’avenir : une bibliothèque symbolisant le savoir nous accueille dans ce jardin ; quelles ont été les actions de l’Homme sur son environnement ? Que faut-il ne pas reproduire, que faut-il changer, ou au contraire dans quel sens faut-il persévérer ?
Prenons le temps, et créons un temps de partage : Grâce au grand banc en arc de cercle édifié autour d’une agora invite aux échanges.
Controns la chaleur des matériaux urbains grâce aux îlots de fraîcheur : une toiture végétalisée sur des immeubles et une pergola végétale faite d’arbres parasols.
Échappons à la grisaille du bitume grâce au végétal, qui s’impose sur chaque matériau urbain. Agrandissons l’espace avec un jeu de miroirs colorés apposés sur les façades des immeubles
Favorisons la méditation grâce aux vertus apaisantes de l’eau de pluie qui ruissèle des toits et rempli le plan d’eau. Si nous redonnons à la Nature la place qui lui revient, elle nous le rendra au centuple.
Laissons-nous le temps. »
Matthieu Carla, Les jardins de Matthieu (31)
Alors qu’il était encore étudiant en BTS Productions animales, Matthieu Carla a monté son entreprise dans le paysagisme. Un pari osé pour ce jeune alors âgé de 20 ans, qui souhaitait simplement être au contact de la terre et donner un coup de main autour de lui. De fil en aiguille, il s’est professionnalisé, il s’est spécialisé dans la création paysagère et il a su faire grandir son équipe. Aujourd’hui, son épouse et lui sont à la tête des Jardins de Matthieu, qui emploie huit salariés et deux apprentis à Cugnaux, aux portes de Toulouse. La priorité de cette entreprise familiale est de proposer à chaque client une création sur-mesure, qui répond à ses envies et ses besoins mais qui s’intègre aussi au style de sa maison et l’environnement à proximité immédiate du jardin. L’objectif final ? Apporter bonheur et bien-être à ceux qui aiment passer du temps à l’extérieur.
Son projet : Jardin suspendu
« Le but de cette création est de valoriser et d’étendre le rayon d’action du jardinier paysagiste pour lui permettre d’accéder à nouveau support de création.
Son travail est donc de trouver avec sa filière de nouveaux modes d’action pour pouvoir intégrer le végétal à tous les étages.
Tout ce travail devrait sensibiliser notre filière en rapprochant les filières du bâtiment et les collectivités territoriales.
C’est notre responsabilité que de prendre en compte tous les enjeux du monde du paysage de demain, et de mener à bien la transition écologique, la transition verte.
Le projet que nous présentons a pour but de nous projeter, et de montrer que nos villes ne se muniront plus de poumons, mais qu’elles deviendront le poumon vert elle-même.
L’objectif de notre projet est d’exposer les nouvelles constructions avec de nouveaux matériaux comme sur la construction d’un « immeuble » en bois avec la technologie CLT acronyme de « Cross Laminated Timber », soit un panneau massif lamellé-croisé qui peut être utilisé également par le paysagiste pour créer des locaux techniques, locaux poubelle, abri de jardin ou autres selon son imagination.
Nous avons adoré travailler sur ce thème « Biodiver’Cité » et nous projeter à relever les défis du monde du paysage, ou comment vivre la ville de demain en cohabitant avec le végétal. »
Lequel succédera à Franck Serra, Maitre Jardinier 2021, et sera sacré ambassadeur de la profession pendant deux années ?
La réponse : le 6 décembre prochain !
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